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L’Amitié

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1L’Amitié Empty L’Amitié Mer 10 Aoû 2016 - 11:12

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L’Amitié

Par Bertrand Duhaime



L’AMITIÉ, UNE RELATION DE PARTAGE INCONDITIONNELLE, DÉSINTÉRESSÉE ET DÉPOURVUE DE JUGEMENTS…


L’amitié désigne une forme de l’amour fondé sur un état d’affinités et de complicités sans jugement, une relation généralement dépourvue de contacts sexuels.

Mais pourquoi tente-t-on toujours de morceler l’Amour en l’envisageant diversement selon ses modalités du couple, de la famille, des compagnons, du voisinage, du prochain, de la fraternité universelle ou de la solidarité cosmique? Toute forme particulière d’amour comporte un attachement ou une prédilection qui s’opposent à l’eamitié-d-enfantsxpression de l’Amour total.  L’Amour ne peut varier que dans ses rôles fonctionnels, révélés par l’intensité de l’échange, la proximité des êtres, la spécificité de cette relation, selon qu’il peut inclure ou non un échange sexuel.  Mais au fond, toute expression amoureuse doit supporter le rayonnement cosmique de l’Amour transcendantal.  La réponse ne peut se trouver que dans le fait que, pour atteindre Dieu, l’Être parfaitement impassible et impersonnel, il faut passer par ses expressions concrètes.  Mais qu’aucune forme de l’amour ne vienne contrarier ce projet primordial! Que tous nos mouvements d’amour deviennent plus des talismans que des emprisonnements!  L’amitié, c’est le lien de partage simple et familier qui unit deux êtres.  Une amitié fondée sur un idéal commun élevé, une affection d’intelligence, une affinité de goûts et de pensées, une complémentarité d’expériences, apparaît saine et naturelle, donc fort louable.  Si les sens y prennent trop de part, il faut appeler cette relation d’un autre nom, concupiscence partagée.  Si la passion et l’intérêt s’en mêlent, cette relation perd tout son sens.

L’amitié désigne cette forme de l’amour qui s’installe dans la considération, le respect, l’estime et une intimité de partage et d’échange relatifs, aussi profonde que l’amour du couple, parfois plus, mais excluant généralement les liens du sang et les relations sexuelles.  Dans leurs affinités profondes, les vrais amis se complètent comme un gaucher et un droitier.  Au dire des Maîtres, c’est, sur Terre, pour le moment, en raison de sa gratuité et de son respect, l’expression de l’Amour pur la plus rapprochée de la notion qu’ont, de cette expression du cœur, les entités spirituelles.  Il faut savoir que, pour qu’il en soit ainsi, la relation amicale résulte d’une concordance vibratoire : elle exprime une sympathie profonde et mutuelle entre deux personnes qui permet d’établir de nombreuses connivences et de joyeuses complicités qui rendent la vie plus douce et supportable.

L’amitié peut être une vertu.  Mais certaines personnes ne s’entourent que d’êtres médiocres pour s’assurer de ne pas détonner, de ne pas être assujetties, de ne pas se retrouver seules.  Elles se rassurent donc sur leur grandeur en s’entourant d’être déchus.  Quand on croit trouver le mal en autrui, cela diminue l’agressivité personnelle.  D’autres personnes collectionnent les amis pour meubler leur solitude, parer à leur ennui, éviter de se retrouver dépourvues en cas du défaut de l’un ou de l’autre.  Elles se valorisent encore par le nombre de gens qui les entourent.  Quand on a encore besoin des autres pour s’apprécier et se motiver, on reste encore perméable aux compliments et aux insultes.

L’amitié, qui double les joies et réduit de moitié les peines, se fonde sur un lien de confiance réciproque absolue.  Elle se produit lorsque la vision interne de l’Univers de deux êtres coïncide et que leur pensée intime engendre, chez eux, les mêmes évidences.  Elle se fonde sur une connaissance de soi qui attire un compagnon ou une compagne compatible et complémentaire à ses propres découvertes.  Ces deux êtres conçoivent la vie de la même manière, mais tout en complétant leur vision respective, d’où ils peuvent réaliser ensemble une œuvre importante, enrichir et égayer mutuellement leur vie, faire ensemble un bout de chemin sur le Sentier évolutif.  Alors, convainquant d’ouvrir une porte, celle du cœur, elle transforme une vie, l’illuminant d’une présence accueillante, aidant à réaliser ce qu’il y a de bon dans le monde.

Ce qui caractérise l’ami, c’est son acceptation inconditionnelle de la personne de l’autre telle qu’elle est, d’où il est peu porté à émettre des jugements sur sa conduite.  Non pas qu’il témoigne de complaisance, car s’il en est un qui ne ment jamais, se permettant de toujours dire la vérité crue, c’est bien lui.  Sauf que, sans flatter vainement, il s’exprime sans culpabiliser, reconnaissant naturellement la liberté et la dignité de l’autre.

Souvent présents l’un à l’autre, bien que leur absence ne fasse pas une grande différence et que la longueur de la séparation n’ait pas d’importance, ils se retrouvent toujours avec les mêmes délices qu’au moment où ils se sont séparés, comme s’ils s’étaient séparés la veille.  Leur appréciation réciproque se signale par la compréhension, la compassion et un soutien indéfectible qui les garde constamment disponibles l’un à l’autre.

L’amitié résulte d’une communion spontanée d’âme à âme qui dépasse l’affection collante : elle a besoin de peu de mots pour s’exprimer et se faire comprendre, mais elle n’en aide pas moins à supprimer ses défenses.  Tandis que l’affection reste à la portée de tous, l’amitié devient une affaire de cœur au sens d’un engagement à s’aider à évoluer.  À ce propos, Félix Leclerc, le grand poète et chanteur québécois, a dit, comme s’il en savait quelque chose : «Ils étaient deux, ils ne se parlaient pas, cela ne les dérangeait pas : c’était des amis.»  En effet, dans une véritable amitié, le lien est si spontané et intuitif que les deux acolytes peuvent passer de longs moments sans se parler, sans que cela inquiète, gêne ou dérange du fait qu’ils communiquent à un autre niveau.

Comme le dit l’adage populaire : «C’est dans les difficultés qu’on reconnaît ses vrais amis.» L’ami répond toujours de son mieux à toute demande d’aide, de support ou d’assistance, généreux de ses énergies, de son temps et de ses biens, s’il y a nécessité, multipliant les petites attentions qui égaient et facilitent l’existence.  Jamais il ne penserait à se laver les mains du problème de l’autre, trouvant toujours un moyen de lui faire plaisir, d’améliorer son bonheur et de le surprendre agréablement.  Il accompagne l’autre dans ses hauts et ses bas et, le cas échéant, jusque dans sa déchéance, si elle doit se produire, fermant l’oreille aux jugements de valeur, aux calomnies et aux médisances des autres, blindé contre eux, sachant même prendre sa défense, au besoin, pour signaler qu’il persiste à trouver quelque chose d’estimable et de précieux chez l’autre.

Les Maîtres spirituels suggèrent que les grandes amitiés surgissent d’un pacte conclu dans un lointain passé entre deux anciens inconnus, qui se sont rendu un grand service, ou entre deux adversaires, qui ont réussi à faire la paix, dans une vie antérieure.  Par ce fait, ils témoigneraient d’un haut degré d’accomplissement dans l’amour qui a rapproché de la Source divine ou qui a rétabli la confiance en la vie.  En effet, les pairs ont souvent l’impression qu’une telle relation n’a jamais eu de commencement et ne peut avoir de fin.  Après une longue séparation, ils savent pouvoir la renouer n’importe quand et n’importe où, à n’importe quelle étape de leur vie, après une longue absence, si les complices n’ont pas trop été affectés par des contacts extérieurs déprimants ou des coups pénibles du sort.  Dès que ces compagnons se retrouvent, ils reprennent où ils s’étaient laissés, poursuivant leur sa route ensemble, le plus simplement du monde.  Quand ils sont en présence, ils ne voient pas le temps filer, tellement ils se sentent bien, complètement remplis.  Ils partagent une relation qui se laisse vivre, sans artifices ni apparat, car elle privilégie la simplicité, l’authenticité, la loyauté, l’intégrité, l’indéfectibilité.

Question de destin, l’expérience démontre que, habituellement, les amis vivent leurs difficultés en alternance, rarement au même moment, ce qui permet toujours à celui qui est rempli d’énergie, d’aider l’autre à se rétablir ou à se relever, apte à lui offrir un support efficace.  Sur la même longueur d’onde, ils entrent rarement en conflit, toute confrontation, s’il s’en produit, durant peu, s’oubliant rapidement, parce qu’ils privilégient d’abord un climat d’harmonie et de bien-être entre eux.  Pour des motifs karmiques, certains vivent des relations plus houleuses, mais, s’en accommodant, ils s’y adaptent et s’y ajustent, comme s’ils se complaisaient dans un jeu qui les divertit, mais dont ils ne souffrent à peu près pas.  Car, entre de vrais amis, le pardon s’accorde toujours en toute rapidité et facilité, parce qu’il est acquis de façon tacite, par avance et prévenance.  Ainsi, les deux copains se sentent en sécurité, n’éprouvant plu jamais la crainte de se retrouver seuls au monde.  

Même qu’ils savent parfois s’écarter, pour prendre du recul, ou s’aménager des moments de solitude, pour se ressourcer, mais, comme ils savent choisir ces moments de repli à point nommé, ils ne les redoutent jamais, pas plus qu’ils ne les subissent.  Se sentant l’un et l’autre inconditionnellement aimés et appréciés à leur juste valeur, ils en ressortent plus fiers d’eux, plus unis, plus confiants.

Deux amis savent se respecter lorsque l’un d’eux passe à travers des difficultés d’ajustement aux changements inévitables qui peuvent se présenter dans le vécu de l’un ou de l’autre, refusant de s’impliquer à moins d’y être sollicité ou d’être concerné.  Si tel est le cas, il y prend part, mais il refuse de laisser le drame perdurer indûment, y mettant tout son être pour contribuer à la solution.  Il sait que l’autre n’a pas à tout lui raconter de ce qu’il vit et a vécu, d’où il n’exige jamais de comptes ni de comptes-rendus, se contentant de ce dont l’autre choisit de s’ouvrir.  

Discret en tout, il reste le confident privilégié et discret de ce que l’autre compagnon peut garder, le considérant comme inavouable aux autres.  Attentif, mais sans ingérence, Il cultive la bonne entente et il favorise un climat de sérénité, toujours prêt à se réconcilier après une dispute.  S’il peut se le permettre, il ne se laisse jamais tirer l’oreille pour partir à l’aventure, se sentant le meilleur complice et se sentant assez en sécurité pour l’accompagner dans les escapades qui peuvent renforcer leurs connivences vibratoires.  Il sait écouter, donnant à l’autre l’impression d’être entendu, compris, sinon répondu, permettant que l’autre ventile, quand il y a nécessité, son trop-plein d’émotion.

Dans un désir profond de partager la vie de l’autre, les amis assument ensemble, sans broncher leurs crises existentielles, car chacun la comprend, pour la connaître presque autant que le fond de sa poche.  En s’observant et en se parlant sans se juger, ils écartent les doutes sur eux-mêmes, notamment en regard de leur importance, ne manquant jamais de s’aider à démasquer les mensonges qu’ils peuvent tenter de se raconter à eux-mêmes.  L’ami, c’est le bon larron, jamais suspicieux, qui accepte ce que l’autre dit, comme il le dit, se contentant de ce qu’il dit spontanément, sachant qu’il n’a rien à lui cacher et qu’il n’a pas le moindre prétexte de mentir, puisqu’ils maintiennent leur relation claire, transparente, simple.

L’amitié illustre la relation idéale de l’échange désintéressé, dans une atmosphère intime et familière, qui se fonde sur un idéal commun, un lien d’intelligence et de cœur, une affinité des goûts et de la pensée, une complémentarité d’expérience, un contexte sain et naturel.  Elle aide deux êtres à mieux apprécier la vie, à mieux traverser ses aléas, insufflant un élan vers le but personnel visé, parce qu’ils se sentent supportés dans tous leurs choix.  Pour en cerner la grandeur, Simone Weil a écrit : «L’amitié ne se cherche pas, ne se devise pas, elle s’exerce (c’est une vertu).»  Il est vrai que l’amitié sincère donne un sentiment d’identité et d’harmonie totale, chargeant d’une énergie indestructible.  M. Quoist en disait : Certes, il y des degrés dans l’amitié, des niveaux de communion différents, des mises en commun de richesses fort diverses.  Ce n’est pas étonnant puisque chaque personne est unique.  C’est une raison supplémentaire pour ne pas restreindre la féconde et douce aventure de l’amitié.  Mais il ne faudrait pas croire qu’elle est facile, elle réclame beaucoup plus qu’un battement de cœur.»

L’amitié d’enfance est probablement la plus solide et la plus prometteuse d’avenir du fait que, se connaissant depuis longtemps, les copains ont partagé tellement de vécu qu’il subsiste moins de tabous, moins de secrets, moins de pudeur entre eux qu’avec leurs autres connaissances.  La fratrie biologique s’impose par la nature pendant que l’amitié, qui implique l’acceptation d’un intrus potentiellement utile ou nuisible, résulte d’une élection.  Du reste, en raison des multiples rencontres et des nombreuses aventures partagées, l’ami d’enfance a grandement contribué à structurer de la personnalité, aidant à développer l’autonomie, en se détachant progressivement de la famille, en plus d’avoir ouvert aux autres aspects de la société.  Mais qu’elle soit nouée à n’importe quel âge, en général, dans sa dynamique propre, l’amitié se vit facilement puisque, loin de s’imposer, elle coule de source, s’imposant presque.  Ce n’est pas une raison de tout prendre pour acquis.  Ainsi, chacun des protagonistes gagne à l’entretenir de petites attentions, de petites magies et de petites surprises afin d’éviter qu’elle ne sombre dans la monotonie de la routine ou du coutumier : un moment partagé sans prévenir à l’avance, un rappel de son appréciation, l’envoi ponctuel d’un message d’encouragement, le partage d’une blague qui décroche un sourire ou fait rire aux éclats, l’expression du mot qu’il faut dans un problème, un appel téléphonique, une sortie cocasse, un présent inattendu.  Car l’ami, c’est plus qu’un copain qu’on croise de temps en temps, c’est un copain de toujours ou un copain pour longtemps, c’est une valeur sûre qui ne peut s’affermir que si elle résulte d’un lent apprivoisement, d’où il faut savoir l’entretenir.  Il est peut-être facile de se faire un ami, mais peut-être moins de le conserver.  Car, l’amitié comporte ses normes et ses exigences.

À propos de l’éternel ami d’enfance, dans certains cas, même une semblable relation, plutôt durable, peut être mise hors jeu à l’occasion d’un événement : la rencontre d’un partenaire de vie, un mariage, la nécessité d’un déménagement, l’acceptation d’un nouveau métier ou d’une promotion.  Et voilà que la relation se brise dans la douleur, sans prévenir et sans espoir de négociations.  C’est dire que, l’amitié à vie, c’est souvent un beau mythe!  En effet, au cours de la croissance, les différences s’affirment.  Mais il y a des cas où cette relation est tellement agréable, solide et nourrissante qu’elle réussit à se jouer de l’espace et du temps.  En pareil cas, tout a pu naître d’un contexte affectif, mais la relation ne peut qu’avoir gagné en intelligence et en détachement.

Pour un être incarné, l’amitié, protection contre l’isolement, gage d’équilibre personnel, représente sûrement l’une des clés du bonheur, dans la mesure où celui-ci rencontre les bonnes personnes et qu’il sait entretenir la relation, notamment par sa présence, son esprit d’invention et sa sociabilité.  Car les petits mauvais canards sont plutôt rapidement rejetés.  Mais il peut arriver que l’amitié, qui est faite de communication, d’entraide, de fidélité, de complicité et de solidarité, dans la joie comme dans la peine, implique plusieurs personnes, malgré qu’un proverbe anglais stipule : «Two is a couple, tree is a crowd

Pour en revenir à l’amitié tout court, ce qui en assure la pérennité reste mystérieux, s’explique difficilement.  Toutefois, malgré l’intensité coutumière de leurs partages et de leurs échanges, les amis ne sont pas tenus de subir mutuellement tous leurs travers, d’approuver toutes leurs attitudes, d’excuser tous leurs comportements, soit de tout se passer l’un et l’autre, sous prétexte d’être de bonnes âmes et de devoir maintenir de bons rapports.  Ce qui fait la différence, en pareil cas, c’est que, par définition, leur relation se fonde sur la pureté d’intention, le détachement, la loyauté, la sincérité, l’intégrité, la volonté de se supporter mutuellement au mieux.  Mais il n’y a pas d’amitié dans l’accaparement, dans la manipulation ni dans la domination.  Il n’y a pas davantage d’amitié dans une relation où le sentiment s’émeut et se fêle à la moindre remarque, s’effarouche d’un rien, menace de s’enfuir à la moindre contradiction, prend le mors aux dents au moindre heurt.

Les gens disent depuis fort longtemps que l’amitié est le ciment de la vie, ce qui invite à protéger ce trésor, à ciseler ce joyau.  C’est vrai qu’elle aide à considérer plus sereinement la vie dans sa continuité.  Par les apports verbaux et non verbaux des deux personnes, elle aide à mieux se comprendre soi-même, à s’ouvrir à autrui, à pousser plus loin ses expériences et à accepter la vie comme elle vient.  François de Sales faisait remarquer : «Comme des voyageurs qui vont sur des routes abruptes se tiennent la main pour marcher plus sûrement, ainsi ceux qui vivent dans le monde ont besoin d’amitié pour arriver à Dieu.»  Dans des termes moins religieux, on pourrait le paraphraser en disant que les gens qui parviennent à se faire des amis se facilitent la vie, en plus, probablement, de la rallonger, parvenant mieux à réaliser leur idéal, parce qu’ils trouvent, au moment opportun, un support exceptionnel.

Emmanuel Kant, le grand philosophe allemand, a défini l’amitié comme «l’union de deux personnes par un amour et un respect égaux et réciproques».  Aux époques incertaines, on tient davantage à l’attraction d’une personne de même sexe, comme ami, comme double, comme autre soi-même, mais comme miroir réversible.  Parce que, en raison des jeux de la polarité, l’amitié entre un homme et une femme se démontre plus aventureuse et hypothétique, à moins qu’elle ne soit fondée, dès le départ, sur des balises limpides, infranchissables.  L’ajout de la dimension sexuelle vient toujours gâcher la sauce, comme, la plupart du temps, dans l’esclavage de la vie de couple, bien que, dans ce dernier cas, on finisse plus facilement par se faire une raison et faire des concessions plus ou moins importantes, selon les risques encourus dans une rupture.

Quoi qu’il en soit, l’amitié importe grandement pour une personne célibataire.  Celle-ci commence généralement par un genre de fusion dans le partage d’intérêts, de goûts, d’affinités qui permettent de se retrouver dans l’autre tout en maintenant une fascination inexplicable, ce qui invite à se revoir.   On trouve un être à qui parler sans retenue, à qui raconter les secrets de son intimité, à qui radoter ses accomplissements, même à confier jusqu’à ses tares et ses égarements.  Mais, combinaison de facteurs heureux, une telle relation ne s’achète pas, ne se monnaie pas, ne se trafique pas.  Au fil des jours, il ne reste aux amis qu’à évoluer en parallèle, en nourrissant le lien, de manière à empêcher que celui-ci ne s’étiole et ne les amène à devenir étranger l’un pour l’autre.  L’amitié exige que les êtres partagent un minimum de présence dans des activités communes, dût-il s’agir, selon les affinités, de simples visites, de moments de délassement commun, de sorties publiques, de sports et surtout… de communiquer avec l’autre au moment de son anniversaire.

La relation amicale, dépourvue de rivalité et d’hostilité, donc d’envie et de jalousie, permet de déverser le trop-plein de son cœur ou de chercher à rebâtir le monde avec quelqu’un d’aussi génial ou fou que soi, même si ce n’est qu’une utopie que l’on partage le moment des rencontres.  Engendrant un oasis de paix et de sérénité, elle empêche que les petits tracas du quotidien ne deviennent des montagnes insurmontables.  Elle représente le privilège par lequel deux êtres peuvent améliorer leur existence à bien des égards, favoriser l’acquisition de l’harmonie et de l’équilibre et le déploiement de leur être.  En cela, elle se révèle comme un accompagnement essentiel qui permet de progresser dans l’amour pur et vrai.  Elle invite deux êtres à se présenter tel qu’ils sont, dans leur nature et leur essence, sans fausse retenue, sans maquillage, sans armure, mais dans leur vérité et leur transparence.  Elle les convie à s’accueillir mutuellement et à s’offrir le regard qu’ils portent l’un sur l’autre pour assurer un éclairage pur et net, transmettant la beauté, l’appréciation des talents et des dons qu’ils perçoivent ou qu’ils ressentent l’un dans l’autre.

Ainsi, dans un jeu de miroir qui n’est pas toujours parfaitement juste, deux amis peuvent se faire savoir mutuellement, en toute sincérité, si leurs projets respectent leur idéal et continuent de les rapprocher, les préparant à mieux apprécier l’Unité.  Car on ne fréquente jamais un autre être uniquement pour s’amuser, on le fait d’abord pour s’éclairer et s’inspirer mutuellement sur le Sentier évolutif.  C’est en raison d’une probable subjectivité personnelle qu’ils doivent savoir suggérer, sans imposer, se démontrant suffisamment humbles pour admettre pouvoir se tromper.  Sans orgueil ni prétention, le cœur ouvert, l’un et l’autre ne doivent intervenir que pour fournir une autre perspective pouvant les aider à se situer.  Chacun devrait accueillir le message de l’autre dans la même simplicité, dans la même ouverture d’esprit, dans la même conscience.

Pour le reste, les amis gagneraient à partager les voiles, les obstacles, les écarts, non par esprit de sacrifie, non par référence à leurs valeurs, mais par don d’eux-mêmes, en fonction de ce qu’ils savent l’un de l’autre.  Car, s’il est invité à le faire, le véritable ami n’évalue jamais l’autre à partir de ses propres valeurs, de ses inclinations, de ses pulsions, de ses envies, de ses fantaisies personnelles.  Plutôt, par la connaissance qu’il a de l’autre, il se limite à lui refléter à quel point il est fidèle à ses propres choix, à sa propre orientation, soit à ce qu’il a choisi et est en toute vérité.  C’est ainsi que deux êtres, qui se disent amis, peuvent s’offrir un accompagnement transparent et une stimulation intense dans l’exploration de l’Amour pur et le déploiement de leur propre beauté.

Comme disait Jacques Maritain : «Il n’y a rien de meilleur au monde que ces amitiés merveilleuses que Dieu éveille et qui sont comme le reflet de la gratuité de la générosité de son amour.»  Au-delà de l’affection et de la possessivité, l’amitié s’exprime sans attente, sans condition, sans dépendance ni domination.  Elle permet à deux personnes mues par un idéal rapproché d’ouvrir toujours davantage leur cœur et d’y retrouver peu à peu l’énergie de l’Amour pur et créateur.  Pour les deux êtres concernés, ce serait une trahison que de taire ou camoufler ce qu’ils perçoivent l’un de l’autre par peur de se déplaire, de diminuer dans l’estime de l’autre, d’être écarté de sa vie.

En fait, chacun des amis doit rester disponible à voir grandir sans cesse l’amitié commune en honorant le privilège de côtoyer l’autre et de faire partie de sa vie en restant lui-même, en incarnant sa vérité, en suivant sa voie propre, tout en restant perméable à l’influence de l’autre, dans la mesure qu’elle est saine.  C’est ainsi que se polit le joyau qu’est la relation amicale de deux êtres vrais.  La camaraderie se suffit d’une rencontre sporadique permettant de partager joyeusement quelques aspects communs, mais l’amitié, plus engageante, invite à se faire convenablement présent à l’autre de manière à devenir une motivation stimulante dans tous les aspects de sa vie.  En cela, un ami est d’autant plus stimulant qu’il est pur et vrai, alors qu’il est pur et vrai dans la mesure qu’il coïncide avec sa vérité intime.  Nul ne peut être un bon ami sans être l’ami de son Centre intérieur, son Être divin, puisqu’il ne peut partager ou apprécier ce qu’il ne possède pas ou ne connaît pas.

Le temps passe, la jeunesse s’écoule, la maturité se perd, la vieillesse se présente, rapprochant de la transition.  Peu importe, si on a vécu de beaux moments d’amitié, car ces souvenirs survivent jusqu’à la fin, réchauffant le cœur et faisant exulter l’âme.

© 1990-2016, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

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