500.000 ans : le plus vieux griffonnage du monde ?
De curieux sillons rectilignes rayant une coquille sont manifestement l’œuvre d’une main. Mais la datation — 500.000 ans — étonne : elle fait de son auteur un Homo erectus. Cet ancêtre de l’Homme n’était pas censé réaliser ce genre d’abstraction. Quelle est donc la signification de ce tracé méticuleux ? Nul ne le sait.
Le 11/12/2014 à 09:35 - Par Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences
Annoncée dans la revue Nature, la découverte a été réalisée sur une sorte de moule d’eau douce d’une collection récoltée… dans les années 1890 à Java, en Indonésie, par le paléontologue hollandais Eugène Dubois. Examinée dans les années 1930, elle a rejoint le musée de Leiden (Naturalis Museum, Pays-Bas).
Les coquillages fossilisés y sont restés, anonymes, jusqu’aux années 2000 quand Josephine Joordens, de l’université de Leiden, entreprend leur étude, il y a sept ans. C’est un collègue archéologue qui repérera de curieuses petites marques géométriques sur l’une des coquilles, des lignes droites formant une sorte de zigzag, visibles seulement sous un éclairage oblique.
Des coquilles soigneusement travaillées par Homo erectus
L’étude exclut la possibilité que ces traces aient été créées par un animal ou un phénomène physique quelconque. Les traits sont réguliers et rectilignes, « sans discontinuité au niveau des changements de direction ». Au moment où ils ont été tracés sur l’animal juste ouvert, ces motifs devaient apparaître comme des lignes blanches sur un fond noir.
D’autres coquilles, provenant du même endroit, portent des trous circulaires de quelques millimètres, qui semblent avoir été réalisés avec un outil pointu. Ce qui, pour Josephine Joordens, suggère que ces perforations ont été pratiquées intentionnellement pour ouvrir ces bivalves d’eau douce et en extraire la chair.
Deux méthodes de datation différentes, appliquées aux sédiments contenus à l’intérieur, à l’université libre d’Amsterdam (VU) et à l’université de Wageningen, conduisent à un âge compris entre 430.000 et 540.000 ans. C’est énorme, car les plus anciennes créations artistiques confirmées datent de 40.000 ou 50.000 ans et sont attribuées à Homo sapiens, c’est-à-dire notre propre espèce. D’autres, trouvées à Gibraltar, à peine plus vieilles et encore controversées, pourraient être le fait de l’Homme de Néandertal et celles, de près de 100.000 ans, découvertes en Afrique du Sud, sont toujours sujettes à débat. Il y a 500.000 ans, H. sapiens n’existait pas et c’est son ancêtre H. erectus qui arpentait ces régions, une espèce d’ailleurs découverte par le même Eugène Dubois, également à Java.
Les auteurs de l’étude ne donnent aucune conclusion sur la signification de ces minuscules gravures d’environ un centimètre. Rien n’indique qu’il s’agisse de ce nous appelons l’art. Mais même le trou, avec une position précise (par rapport au muscle) et un bord franc, exige une dextérité manuelle inattendue chez H. erectus. Pourquoi, dans ce cas, n’a-t-on jamais rien trouvé de semblable parmi les restes fossilisés de cette espèce ?
C’est la principale critique faite à cette découverte, et devant laquelle les auteurs soulignent la difficulté rencontrée pour repérer ces modestes tracés, qui auraient pu rester inaperçus. H. erectus, « l’Homme debout » qui maîtrisait le feu, ancêtre de H. neanderthalensis et de H. sapiens, avait-il des capacités cognitives supérieures à celles qu’on lui prête aujourd’hui ?
Croquis et images dans le site ci dessous
http://www.futura-sciences.com/magazines/sciences/infos/actu/d/anthropologie-500000-ans-plus-vieux-griffonnage-monde-56379/
De curieux sillons rectilignes rayant une coquille sont manifestement l’œuvre d’une main. Mais la datation — 500.000 ans — étonne : elle fait de son auteur un Homo erectus. Cet ancêtre de l’Homme n’était pas censé réaliser ce genre d’abstraction. Quelle est donc la signification de ce tracé méticuleux ? Nul ne le sait.
Le 11/12/2014 à 09:35 - Par Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences
Annoncée dans la revue Nature, la découverte a été réalisée sur une sorte de moule d’eau douce d’une collection récoltée… dans les années 1890 à Java, en Indonésie, par le paléontologue hollandais Eugène Dubois. Examinée dans les années 1930, elle a rejoint le musée de Leiden (Naturalis Museum, Pays-Bas).
Les coquillages fossilisés y sont restés, anonymes, jusqu’aux années 2000 quand Josephine Joordens, de l’université de Leiden, entreprend leur étude, il y a sept ans. C’est un collègue archéologue qui repérera de curieuses petites marques géométriques sur l’une des coquilles, des lignes droites formant une sorte de zigzag, visibles seulement sous un éclairage oblique.
Des coquilles soigneusement travaillées par Homo erectus
L’étude exclut la possibilité que ces traces aient été créées par un animal ou un phénomène physique quelconque. Les traits sont réguliers et rectilignes, « sans discontinuité au niveau des changements de direction ». Au moment où ils ont été tracés sur l’animal juste ouvert, ces motifs devaient apparaître comme des lignes blanches sur un fond noir.
D’autres coquilles, provenant du même endroit, portent des trous circulaires de quelques millimètres, qui semblent avoir été réalisés avec un outil pointu. Ce qui, pour Josephine Joordens, suggère que ces perforations ont été pratiquées intentionnellement pour ouvrir ces bivalves d’eau douce et en extraire la chair.
Deux méthodes de datation différentes, appliquées aux sédiments contenus à l’intérieur, à l’université libre d’Amsterdam (VU) et à l’université de Wageningen, conduisent à un âge compris entre 430.000 et 540.000 ans. C’est énorme, car les plus anciennes créations artistiques confirmées datent de 40.000 ou 50.000 ans et sont attribuées à Homo sapiens, c’est-à-dire notre propre espèce. D’autres, trouvées à Gibraltar, à peine plus vieilles et encore controversées, pourraient être le fait de l’Homme de Néandertal et celles, de près de 100.000 ans, découvertes en Afrique du Sud, sont toujours sujettes à débat. Il y a 500.000 ans, H. sapiens n’existait pas et c’est son ancêtre H. erectus qui arpentait ces régions, une espèce d’ailleurs découverte par le même Eugène Dubois, également à Java.
Les auteurs de l’étude ne donnent aucune conclusion sur la signification de ces minuscules gravures d’environ un centimètre. Rien n’indique qu’il s’agisse de ce nous appelons l’art. Mais même le trou, avec une position précise (par rapport au muscle) et un bord franc, exige une dextérité manuelle inattendue chez H. erectus. Pourquoi, dans ce cas, n’a-t-on jamais rien trouvé de semblable parmi les restes fossilisés de cette espèce ?
C’est la principale critique faite à cette découverte, et devant laquelle les auteurs soulignent la difficulté rencontrée pour repérer ces modestes tracés, qui auraient pu rester inaperçus. H. erectus, « l’Homme debout » qui maîtrisait le feu, ancêtre de H. neanderthalensis et de H. sapiens, avait-il des capacités cognitives supérieures à celles qu’on lui prête aujourd’hui ?
Croquis et images dans le site ci dessous
http://www.futura-sciences.com/magazines/sciences/infos/actu/d/anthropologie-500000-ans-plus-vieux-griffonnage-monde-56379/